Le problème du diagnostic en psychiatrie
« Le diagnostic en psychiatrie pose des problèmes sans équivalent dans les autres disciplines médicales. Il en résulte une fréquente incompréhension avec le médecin psychiatre. »
Le psychiatre, à la fois juge et partie
Le paradigme par lequel on « psychiatrise », on oppose la maladie et la santé, ce manichéisme est lui-même déjà un biais d’interprétation. Si on pense comme un marteau, tout ne ressemble qu’à des clous.
Le premier problème du diagnostic en psychiatrie est précisément qu’il est à l’initiative du psychiatre et non du patient ou rarement de ce dernier.
Si j’ai une jambe ensanglantée, je demande un diagnostic.. mais en psychiatrie rien de tel. Lors d’un internement sous contrainte l’individu ne fera pas de lui-même la démarche de demander un diagnostic. Lors d’un internement avec le consentement de l’individu, ce dernier peut lui-même douter de la pertinence qu’il a à demander un diagnostic ou à se faire hospitaliser.
En psychiatrie le psychiatre est à la fois juge et partie, non seulement il détermine si l’individu nécessite un diagnostic, à sa place, mais de surcroît il établit le diagnostic. C’est un peu comme si un juge dans un tribunal ordonnait à un individu de déposer plainte contre un tiers, alors même que ce dernier individu ne le désirerait pas.
La solution est donc là, avant de commettre un internement sous contrainte et avant même d’établir un diagnostic, y compris avec le consentement de l’individu, il faut préalablement déterminer si l’individu nécessite un diagnostic, en étudiant les conditions qui amènent l’individu au psychiatre, ce qui n’est jamais fait.
Il en résulte des quiproquos entre le patient et le psychiatre, ainsi que des biais d’interprétation. A titre d’exemple on ne compte plus les victimes de pédophilie qui furent à tord « psychiatrisées » et internées, alors que les policiers très souvent peuvent croire la victime là où le psychiatre lui déni sa qualité de victime. Exemples, dans le documentaire « Enfance volée chronique d’un déni ».
On ne compte plus aussi les victimes d’agressions physiques ou de harcèlements qui se trouvant en état de choc devant un psychiatre se font interner, ce dernier étant incapable de faire la distinction entre un état de choc et une pathologie mentale. Il n’y a presque jamais de procès dans ces cas contre les psychiatres.
Tout cela pour la raison que le travail qui consiste à préalablement étudier les conditions qui amènent un individu devant un psychiatre, avant d’établir un diagnostic, n’est dans les faits jamais réalisé. Est-ce que l’individu qui se présente à un psychiatre a dormi ? Est-ce qu’il a mangé ? Est-ce qu’il a bu ? Ces simples questions à titre d’exemple ne sont jamais étudiées, au point que par exemple la victime d’une improbable traque par un agresseur et qui serait retrouvée en état de choc, serait par le psychiatre accusée de s’être elle-même déshydratée, sous-alimentée et mise elle-même en danger.
Les stéréotypes du psychiatre
Le psychiatre peut en de nombreuses circonstances, tout confondre. Il peut projeter sur l’individu ses propres stéréotypes, ses croyances, très souvent un freudisme à deux sous et les thèses obscurantistes autant que marchandes du DSM qui s’évertuent à classifier les maladies mentales comme d’autres rajoutaient des cercles concentriques aux épicycles de Ptolémée(*). Il en résulte que le psychiatre peut inventer des maladies qui n’existent pas, pour justifier son art, le plus souvent pour se protéger juridiquement ou encore pour ouvrir de nouveaux marchés à la pharmacopée et aux hôpitaux psychiatriques, qu’ils soient publics ou privés..
(*) Les épicycles de Ptolémée sont un modèle mathématiquement fonctionnel mais faux, pour décrire le mouvement des planètes par rapport à la terre. Dans ce modèle il s’agissait d’ajouter de nouveaux cercles concentriques à chaque fois qu’une nouvelle observation ne correspondait pas au modèle.
Le diagnostic psychiatrique réalisé par la police et/ou le SAMU
Avant de réaliser un diagnostic il faut se demander si l’individu est ou non un patient. D’ailleurs les termes ont leur importance, puisque l’individu qui est présenté à un psychiatre, y compris la première fois est immédiatement qualifié de patient. L’individu est ainsi jugé coupable d’un désordre mental avant même qu’un diagnostic ne soit posé. Pire, il est jugé coupable dès la prise en charge par le SAMU et/ou par la police, en amont d’une hospitalisation. Le diagnostic psychiatrique est en réalité réalisé par le SAMU et/ou par les policiers avant de l’être par le psychiatre, dans le cas notamment des hospitalisations sous contrainte. Les policiers et/ou le SAMU viennent ainsi présenter « un fou » à un psychiatre, ce qui suffit déjà à influencer le psychiatre pour que son diagnostic soit biaisé.
Si dans les affaires de pédophilie il se trouve que la police aura plus tendance à croire la victime que le psychiatre, dans d’autres affaires ce peut être l’inverse et le psychiatre ne remet dans les faits jamais en question la pertinence du jugement ou des déclarations de policiers et/ou du SAMU qui peuvent lui amener un individu à diagnostiquer.
Si par exemple le SAMU et/ou la police présentent à un psychiatre un individu qui « errait dans les rues » ou encore, qui fut retrouvé « endormi au bord d’une route », quelques soient les causes qui pouvaient placer un tel individu dans un tel état, la probabilité la plus grande est qu’il soit interné sous la contrainte du Préfet ou d’un proche. Ce proche pourrait lui-même tout ignorer de ce qui serait advenu à un tel individu et il serait manipulé par le psychiatre pour qu’il accorde sa signature pour faire interner cet individu.
Le psychiatre par réflexe professionnel, biais d’interprétation et habitude, aura tendance à ne chercher qu’à « psychiatriser ».
On dispose ainsi de l’exemple de cet homme qui hurlait sous les fenêtres du palais de l’Elysée et qui fut séquestré et drogué en psychiatrie pour ce seul fait, alors que n’en déplaise à la police ou à la psychiatrie, déconsidérer le Président de la République sous les fenêtres de son palais n’est pas la preuve d’une maladie mentale.
De la notion de « maladie mentale »
La notion même de maladie mentale est sujette à caution. Il existe des phénotypes, des proxémies, des synergologies, en somme, des comportements, qui sont le produit d’adaptations réussies ou manquées à l’environnement social, mais faut-il les qualifier de maladies pour autant ?
A titre d’exemple, un manque d’éducation est-il une maladie nécessitant un traitement ? Quelqu’un à qui ses parents n’apprendraient pas l’autonomie lors de sa petite enfance, à faire pipi et caca tout seul, à l’âge adulte serait considéré comme « fou », souffrant d’une maladie mentale, pourtant il ne le serait pas, il manquerait simplement d’éducation. Il y a donc une confusion entre maladie et analphabétisme éducatif. Ce manque d’éducation peut causer à l’âge adulte toutes sortes de troubles additionnels qui causent l’instabilité sociale de l’individu et lorsqu’on drogue un tel individu en psychiatrie ce n’est donc pas pour le guérir, puisqu’il n’est pas malade, mais ce n’est que pour protéger la société de ce dernier.
La notion même de maladie mentale est ainsi sujette à caution, dans un domaine ou même une dysfonction neurocognitive peut être l’outil de l’excellence ou du génie. Les maladies par ailleurs on aussi leur utilité et cela est complètement dénié par la psychiatrie, tout étant une question de degré.
Une étiologie imaginaire des maladies mentales
Le problème en psychiatrie est qu’on ignore la cause de maladies mentales de fait imaginaires. Comme les épicycles de Ptolémée on érige des modèles artificiels pour expliquer une réalité et des causes qu’on ne comprend pas et qu’on ne sait pas expliquer.
Un médecin cancérologue est apte à prouver à son patient qu’il a bien un cancer, contrairement au psychiatre qui est parfaitement incapable de faire la preuve de son diagnostic. Il en résulte que pour un même patient il existe autant de diagnostics différents qu’il existe de psychiatres. Rarissimes sont les patients qui en psychiatrie obtiennent le même diagnostic de plusieurs psychiatres différents.
La démarche est irrationnelle et obscurantiste, lorsqu’une psychiatrie rationnelle devrait être exclusivement basée sur l’observation de comportements et de phénotypes dument détaillés pour chaque patient, que l’on accepterait de juger antisociaux, inadaptés ou erronés.
En réalité la psychiatrie est donc aussi un acte politique, c’est une morale et tout cela est incroyablement fragile.
Entre le fait d’interner les opposants politiques ou le fait de libérer tous « les fous », la psychiatrie se cherche un équilibre qui n’est pas basé sur la science et elle invente pour cela une étiologie et des maladies qui n’existent pas.
Tout cela est très fragile car la psychiatrie est avant tout un art.
A tout le moins il faut poser la question des devoirs de l’Homme.
De la « psychiatrisation » des « terroristes »
A titre d’exemple sont ainsi « psychiatrisées » les revendications territoriales armées.
Le tueur d’Allemagne qui le 19 février 2020 fit 9 morts à Hesse en tirant sur des kebabs, fut unanimement qualifié de « fou » par les médias, les politiques et la psychiatrie, à titre posthume. Sauf qu’à la lecture de ses thèses il s’avérait n’être qu’un combattant qui proclamait par les armes une revendication territoriale au seul profit des autochtones allemands.
A contrario les auteurs d’attentats islamo-fondamentalistes sont eux aussi presque toujours « psychiatrisés » alors qu’ils ne sont eux aussi que dans l’expression d’une revendication de conquête territoriale armée en occident.
Est-ce qu’une revendication territoriale par les armes ou des actes de guerre sont la preuve d’une folie et d’une maladie mentale ?
On en revient donc bien à la question politique et au caractère éminemment politique du diagnostic en psychiatrie.
Les référentiels nosographiques en psychiatrie
On ne peut réformer la psychiatrie dans un sens ou dans un autre sans risquer sa destruction par le politique, tout est extrêmement fragile, simplement les psychiatres ont-ils eux-mêmes conscience de l’obscurantisme que constituent leurs référentiels ? Font-ils semblant ou croient-ils à leur propres mensonges ?
Que ces référentiels nosographiques (DSM etc.) ayant l’apparence de la crédibilité par l’argument d’autorité qu’ils constituent soient un mal nécessaire, je veux bien l’entendre, qu’ils soient un mal nécessaire pour éviter la politisation de la psychiatrie, je veux bien l’entendre, mais que les psychiatres soient assez incompétents pour être eux-mêmes dupes de leurs bases référentielles, c’est inadmissible.
La réalité est que dans les faits le diagnostic psychiatrique n’est basé sur rien de rationnel, tout dans le diagnostic n’est fondé que sur la subjectivité du psychiatre, son préjugé, sa culture, ses mœurs, ses habitudes, son bon sens ou son sens commun.., toutes les innombrables erreurs de diagnostics (exemple : Jean-louis Caccomo) et l’expérience de Rosenhan suffisent à le démontrer.
Pour une psychiatrie antithétique
Aussi il faut inventer une psychiatrie antithétique, à charge et à décharge pour le patient et une approche modérée des cas indécidables, avec la possibilité même que de tels cas soient admis comme possibles en psychiatrie.
Plutôt que de soumettre le patient à un juge des libertés très souvent inutile, peut-être faut-il penser une psychiatrie dans laquelle il existerait des « psychiatres commis d’office », chargés de faire libérer les patients, en opposition à d’autres psychiatres qui eux auraient la charge de les faire interner.
Merci pour cet article pertinent !
À noter qu’en cas d’arrivée aux urgences dans un état d’agitation (qui peut avoir été induit par des facteurs totalement extérieurs à la psyché de l’intéressé), la coutume veut qu’on lui administre « un calmant », en fait, un benzodiazépine qui le plonge dans une demi-réalité pendant quelques heures, écrasant sa mémoire et ses aptitudes cognitives au profit d’augmenter son influenciabilité. Là, le patient peut d’office être assimilé à un psychotique et acceptera volontier d’aller un temps dans un centre le temps de se remettre. Dans l’asile de fous ou « centre de santé mentale », le pensionnaire se retrouve sous « médication » (temesta/xanax/valium/lorazépam/etc) du matin au soir, est infantilisé et ce qu’on appelle son ‘traitement’ demandera une désintoxication progressive à partir du moment où il sera estimé qu’il n’est plus nécessaire (ce n’est pas pour rien si les héroïnomanes se rabattent sur les benzodiazépines pour patienter en cas de problème d’approvisionnement). Mémoire et capacités cognitives reviendront progressivement, en attendant, on a effectivement une personne amoindrie avec une expérience de drogue dure !